« Ce fut une foire digne de Dionysos et des contes des Mille et Une Nuits. Devant et derrière la caméra nous étions en tout et pour tout : un enfant, deux adolescents et à peine une dizaine d’adultes. Crises de nerfs de filles culbutées déchirant entre leurs dents des mouchoirs salis et des hommes-buffles suant au comble de la satisfaction ou de la frustration, le film Sur les Hauteurs produisit deux couples qui annoncèrent fiançailles et mariage avant la fin du tournage : deux jeunes femmes souffraient déjà de nausées matinales. Dans un colloque bruyant à la fois éthique, éthylique, anatomique, pratique et hystérique, certains débattirent d’un hic fascinant : par le jeu des mains et des doigts, les lesbiennes avaient-elles le pouvoir de se bousiller la virginité et un homme pouvait-il se glorifier d’en avoir dépucelé une. Me tenant aussi loin que possible de la partouze, on me désigna vite sous le titre acidulé : Miss Nolli me Tangere, qui me servit de bouclier peut-être, aussi, parce que, quand même, fallait pas trop malmener la vedette, fille de la productrice, elle-même Muse un peu défleurie du Poète qui enfantait là une grande oeuvre. » [p. 372]
« Sur Les Hauteurs », scénario René Char (les Cahiers de la Pléiade #7, printemps 1949), production Yvonne Zervos, tourné en 1948.
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[avec Jacques Dupin]
Images numériques © Ariel L. Szczupak 2008
Existe-t-il toujours une copie de ce film ?
RépondreSupprimerPas que je sache.
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